Édito : Attention à l’ «ukrainisation » du Niger !

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Boureima Guindo, éditorialiste et Directeur de publication de l'hebdomadaire Le Devoir

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisage une intervention militaire au Niger en réponse au coup d’État du général putschiste qui a renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet. La communauté internationale dans son ensemble appelle au rétablissement de l’ordre constitutionnel. À l’exception du Mali et du Burkina Faso, qui ont exprimé leur soutien au peuple nigérien, les pays voisins demandent également le retour à la normale et le rétablissement de Bazoum dans ses fonctions.

Dans le même temps, la population du Niger est divisée. Certains, dont les membres de la majorité présidentielle, réclament le respect de l’ordre constitutionnel. D’un autre côté, certains citoyens apportent leur soutien au général Tchiani. Les partisans des putschistes annoncent déjà une rupture avec le partenaire traditionnel, la France. Ils encouragent les nouvelles autorités à se tourner vers la Russie, à l’instar d’Assimi Goïta au Mali et d’Ibrahim Traoré au Burkina Faso.

La CEDEAO, qui joue sa propre survie, va au-delà des sanctions économiques cette fois-ci, évoque même la possibilité d’une intervention militaire si le général Tchiani refuse de quitter le pouvoir. Une option catégoriquement rejetée par le Mali et le Burkina, qui mettent en garde l’organisation sous-régionale.

Plus qu’une simple menace, l’annonce de la CEDEAO doit être prise au sérieux en raison du ton ferme employé et les enjeux qui en découlent. La communauté internationale, soutenant la CEDEAO dans ses efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, est-il possible qu’elle soutienne une intervention militaire ? Cela reste incertain. Qu’en est-il de la France, dont la présence au Niger est menacée en cas de confirmation du départ de Bazoum ? Quelles seraient les conséquences d’une intervention militaire au Niger, potentiellement désastreuses pour l’ensemble du Sahel ?

Le monde entier subit encore les répercussions de la guerre en Ukraine. Le Niger, déjà fragilisé par la pauvreté, est en proie au terrorisme depuis des années. Une intervention militaire risquerait de déclencher une insécurité majeure dans toute la région du Sahel, favorisant potentiellement la progression des groupes terroristes.

La valeur fondamentale en Afrique est le dialogue. La CEDEAO doit adopter cette approche. Il est crucial d’éviter à tout prix la guerre au Niger. Les militaires doivent être conscients de la fragilité de leur pays. L’accent doit être mis sur la négociation. Pour ce faire, chacun doit mettre son orgueil de côté.

Quant à la communauté internationale, elle ne doit pas laisser le Niger devenir un champ de bataille à la manière de l’Ukraine. Cela sera dangereux pour la région dans son ensemble et, en fin de compte, pour le monde entier. Les premiers concernés sont les populations que chacun prétend défendre. Le dialogue doit prévaloir.

Boureima Guindo

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