Édito : Le point de non-retour !

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Entre le Gouvernement de la Transition et les groupes armés signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, le fossé s’agrandit. La confiance se brise chaque jour et la plaie dévient de plus en plus béante. L’Accord d’Alger, va-t-il alors être enterré, comme le réclament des milliers de Maliens qui voient en ce document une menace à l’unité nationale ? Il serait trop tôt de le dire, mais les signes de la caducité de ce document sont là.

En effet, les tensions sont vives entre les autorités de la Transition et les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, particulièrement la CMA. Les ex-rebelles reviennent avec leur ancien système d’enfants gâtés de la République. Mais leur malheur est qu’ils ne sont pas, cette fois-ci, face à un pouvoir laxiste prêt à courber l’échine. Assimi Goïta et son gouvernement refusent de céder à la pression.

Ainsi, ces derniers mois, la CMA qui semble douter de la volonté des autorités de la Transition à aller vers la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la Réconciliation issu du processus d’Alger, a entrepris plusieurs actions, parmi lesquelles la suspension de sa participation au Comité de Suivi de l’Accord (CSA), la demande d’une réunion d’urgence en un lieu neutre et la fusion des mouvements armés. 

Suite à ces actions qualifiées de « provocations » par bon nombre de Maliens, le gouvernement du Mali, qui a toujours exprimé son engagement pour la mise en œuvre intelligente de l’Accord d’Alger, est sorti de son silence et a tapé du poing sur la table. Le ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, chargé de l’Accord pour la paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, le colonel-major Ismaël Wagué, a donc raison de donner de la voix, pour dénoncer les provocations des mouvements armés, notamment les mouvements de la CMA. Il a, aussi, fustigé le silence complice de la médiation internationale. De telles sorties salées de la part d’un ministre en charge de la mise en œuvre de l’Accord, prouvent bien le malaise entre les parties signataires.

Une autre mesure forte du gouvernement, c’est la suspension des indemnités des représentants des mouvements armés au sein du Comité de suivi de l’Accord (CSA).

A travers les actes de la CMA et la réciprocité appliquée par le Gouvernement de la Transition, on comprend aisément que l’Accord d’Alger est atteint d’une maladie incurable, chacune des parties ayant franchi le seuil de non-retour.

Quant à la médiation internationale, elle est devenue une simple spectatrice car incapable de recadrer les groupes armés. Tout cela se passe à un moment où les populations maliennes, pour la plupart, réclament l’enterrement de première classe de l’Accord d’Alger.

A analyser l’évolution de la situation, on peut, sans risque de se tromper, dire que l’avenir de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger est incertain. Si la médiation internationale ne prend rapidement toutes les dispositions idoines pour intervenir en toute impartialité, pendant qu’il est encore temps, l’Accord d’Alger sera au placard des oubliettes.

Boureima Guindo

Source : Le Devoir

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