En visite au Mali, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a été reçu par le gouvernement de transition. L’occasion pour le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, de faire le point sur les réalisations du gouvernement et d’inviter l’Union africaine à soutenir les autorités de transition dans leur combat pour un Mali refondé.
Les efforts sont en cours pour une vraie refondation de l’État. Les lignes bougent à tous les niveaux : sécurité, réformes politiques et institutionnelles, lutte contre la corruption et l’impunité… Le Premier ministre, Choguel Maïga, a tenu à faire comprendre au président de la Commission de l’Union africaine les nombreux points positifs de la transition malienne qui mérite par conséquent d’être soutenue et accompagnée.
Avancées dans les réformes
Les réformes avant les élections ! C’est la décision prise par le gouvernement. Une thèse à laquelle le Premier ministre tient comme à la prunelle de ses yeux puisqu’étant une exigence des Assises Nationales de la Refondation. C’est d’ailleurs pourquoi d’énormes efforts ont été accomplis dans le domaine des réformes politiques et institutionnelles devant permettre l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes.
Dans son discours, le Premier ministre a informé Moussa Faki de la mise en place, par le président de transition, de la Commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle constitution qui sera soumis à referendum. Aussi, a-t-il rappelé l’adoption d’une nouvelle loi électorale et la mise en place de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE). Ce n’est pas tout, le chef du gouvernement a également informé le président de la Commission de l’Union africaine de l’existence du Cadre stratégique de la Refondation de l’État (2022-2031), assorti du Plan d’Actions 2022-2026.
Le terrorisme, le grand défi du Mali
Si beaucoup de responsables maliens, d’organisations maliennes et internationales limitent la transition à la seule organisation d’élections, le Premier ministre estime le contraire. Pour lui, vu la profondeur de la crise malienne, « les élections doivent être précédées de réformes appropriées ».
Le plus grand défi auquel le Mali est confronté, selon le chef du gouvernement, n’est pas l’organisation d’élections. Il s’appelle le terrorisme. « Le plus grand défi qui se pose à notre pays, le Mali, est le terrorisme. Il menace les fondements de la République et la cohésion de la nation. C’est un cancer qu’il faut éradiquer à travers la conjugaison des efforts et la mise en œuvre de solutions holistiques et multidimensionnelles », soutient Dr Choguel Kokalla Maïga qui a salué les résultats engrangés grâce aux opérations militaires d’envergure des forces de défense et de sécurité du Mali. «Contrairement aux informations tendancieuses véhiculées par certains médias manifestement en mission contre le Mali, la peur a changé de camp ; c’est une évidence », précise le chef du gouvernement.
Ferme détermination du gouvernement de respecter ses engagements
Nombreux sont les observateurs qui s’inquiètent de la possibilité du respect de la durée de la transition. Le gouvernement reste ferme. Il veut respecter ses engagements. « Je voudrais vous donner l’assurance de la détermination du Gouvernement à tenir ses engagements tant avec la communauté régionale et internationale, qu’avec la communauté nationale, qui a clairement exprimé sa vision du Mali Nouveau au cours des Assises Nationales de la Refondation (ANR) de l’État tenues en décembre 2021 », a laissé entendre le Premier ministre.
A en croire Dr Choguel Kokalla Maïga, les efforts de réforme seront poursuivis de manière à atteindre le point de non-retour dans le processus de redressement de notre pays. « De la même manière, nous intensifierons le processus de réforme et les préalables à la tenue d’élections inclusives, apaisées et crédibles », promet le gouvernement de transition qui rassure que sa « détermination à poursuivre sur la voie des reformes n’a d’égal que la soif de réforme de notre vaillant peuple, ainsi que son aspiration à la justice et à la sécurité ».
Aussi, comme dès les premiers jours de la rectification de la trajectoire de la transition, le gouvernement réitère son engagement de « mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, en capitalisant les progrès réalisés à l’issue des dernières réunions du Comité de Suivi de l’Accord et de la Réunion décisionnelle de haut niveau tenue en septembre 2022 ».
Le plaidoyer de Choguel !
Avec tous ces efforts louables, le Mali mérite le soutien et l’accompagnement de l’Union africaine. C’est en tout cas l’appel lancé par le Premier ministre. «Au regard de tout ce qui précède, j’en appelle à l’Union Africaine à soutenir nos efforts en cours, à les consolider, à les amplifier à travers un soutien franc et robuste aux plans politique, technique et financier », a plaidé Dr Choguel Kokalla Maïga, avant d’ajouter : «Après la levée, en juillet 2022, des sanctions injustes, illégales et inhumaines de la CEDEAO contre le Mali, après sept (7) longs mois d’embargo, nous exhortons l’Union Africaine à la levée des sanctions qu’elle a imposées à notre pays le 14 janvier 2022, suite à l’endossement de celles de la CEDEAO prises le 09 janvier 2022 ».
Le Mali a également sollicité, auprès de Moussa Faki Mahamat, sa réintégration au sein des instances de l’Union Africaine parce que, selon son Premier ministre, il est sur la bonne voie dans l’exécution de ses engagements. « Nous le demandons aussi parce que l’expérience a démontré, partout dans le monde, que les sanctions sont inopérantes pour ne pas dire inefficaces et contreproductives. Nous demandons enfin la réintégration du Mali, par attachement aux conclusions de la 3ème Réunion du Groupe de Suivi et de Soutien à la Transition tenue à Lomé le 06 septembre 2022 », insiste Dr Choguel Kokalla Maïga.
Pour le Premier ministre, l’Union Africaine doit mettre un égal accent sur les problématiques de développement et sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. « l’État malien qui fait face à des défis humanitaires importants attend l’expression la plus forte de la solidarité continentale, à travers l’appui du Fonds humanitaire de l’Union Africaine aux efforts que le Mali déploie au plan national pour faire face à la crise humanitaire dans les zones affectées par l’insécurité », a également demandé le chef du gouvernement.
Boureima Guindo
Source : Le Devoir