
Il est beaucoup plus connu homme d’Etat qu’écrivain. Pourtant, il détient une plume d’un rare talent. Il est facile de s’en rendre compte en lisant ses ouvrages, « Les roues du destin. ». « Chienne de vie et Kuma » sa dernière parution, contient 91 et 54 pages. Une série d’interpellations face au bouleversement d’ordre social auquel nous assistons actuellement. Pour Amadou Keïta, la vie est certes un combat pour la survie, mais ce combat doit se faire suivant des règles conformément à notre humanité, notre statut d’Homme. Et l’homme n’est que sa parole. Immersion dans deux ouvrages positifs que poétiques
Sale temps ! Quel temps vivons-nous aujourd’hui ? Temps pendant lequel rien ne se fait comme avant, comme ça se doit. Le repère est perdu, la destination est inconnue des marcheurs mal organisés que nous sommes. En lisant les premières pages de « Chienne de vie », c’est le résumé que nous sommes à mesure de faire. Le style d’Amadou Keïta est léger, mais les mots sont soigneusement recherchés. De notre vie d’aujourd’hui, rien n’échappe à la vigilance du poète. Amadou Keïta voyage au fond de ses idées pour alerter. Il ne veut pas que l’on perde des valeurs qui sont utiles à notre existence, le savoir, le respect de la parole, la sacralité de la personne humaine et l’harmonie dans les rapports humains.
Pour Amadou Keïta, le savoir qui permet à l’homme de se situer et de créer, pleure aujourd’hui, mangé par l’ignorance. L’homme ne réfléchit plus, du moins dans le bon sens. Ses préoccupations restent la satisfaction de ses désirs, peu importe le prix. Le collectif est supprimé par l’individuel, le mal cache le bien, la colère emporte sur la raison, regrette l’auteur.
Les ouvrages d’Amadou Keïta, desquels nous parlons, « Chienne de vie et Kuma », sont des textes digestes, accessibles, qui n’hésitent pas à piocher dans le bamanankan pour que le message soit bien compris du public. Un public en manque de culture, faute de lecture. Pour le poète, les têtes se vident, fautes de lecture, les écrits se consument, faute de lecteurs et les plumes se dessèchent, faute d’écrivains.
Tout à l’envers
Le sale temps que nous vivons crée un désordre sans précédent qu’il urge de redresser pour donner un meilleur souffle à notre monde.
Se remémorant son enfance, Amadou Keïta affirme que l’enfance, la bonne n’est plus préservée. « Elle est polluée par les agissements du monde d’une précocité effroyable. Toujours dans le même d’idée, le poète s’interroge l’avenir de ces milieux d’enfants de rue qui n’ont appris qu’à vivre de la générosité de leurs semblables. Une générosité qui peut souvent être compromettante. Le phénomène de la mendicité.
Pour un retournement heureux de la situation, « Chienne de vie » propose la préservation de notre identité, de respecter et de faire respecter les règles établies par la société. La société est toujours le reflet des gens qui y vivent. Quand se débrouiller devient la règle pour vivre, pour avoir son pain quotidien, l’anarchie devient le raccourci. Or, ce raccourci peut souvent conduire sur un chemin de non-retour prévient Amadou Keïta. Dans « Kuma », s’il ne faut parler que pour dire l’essentiel, l’essentiel peut-il se dire sans parole ?
IKT