Abdel Kader Maïga, un membre influent du Comité stratégique du M5-RFP, a brisé le silence en début de cette semaine. Sur le plateau d’Africable Télévision, dans l’émission « Le débat politique », il a craché ses 4 vérités sur les attaques dirigées contre le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga par des membres du Conseil National de Transition, la relation entre les militaires et le M5-RFP.
Connus pour son franc-parler, le ressortissant de Gao, membre du comité stratégique du M5-RFP, a encore brisé le silence.
Riposte aux attaques contre le Premier ministre
Il a vigoureusement répliqué aux attaques dirigées contre le chef du gouvernement par des membres du CNT. «Permettez-moi de vous dire que c’est regrettable, parce que ces derniers temps, les attaques viennent des membres du CNT. Et pas n’importe quel membre du CNT. Les proches collaborateurs du président du Conseil national de transition, y compris son porte-parole. J’avoue que c’est extrêmement dérangeant », a déploré Abdel Kader Maïga. Visiblement très remonté et déçu du comportement de certains membres du CNT, il ajoute : « Mais le côté le plus grave, c’est de penser que nous sommes dans une situation où on a une transition sur trois piliers : le gouvernement, la présidence et le CNT. Mais nous pensons que nous devons être complémentaires. Nous devons être complices. Mais si au même moment, on se rend compte que les gens tirent à boulets rouges sur le PM, il y a des questions qu’on va se poser ». Ce qui a beaucoup frustré Abdel Kader Maïga, c’est la sortie d’Amadou Albert Maïga contre le Premier ministre et a même interpellé le président du CNT sur la question. « Et ce soir, franchement, je veux que les Maliens comprennent que je ne veux tirer sur personne. Je veux juste que les uns et les autres analysent leurs propres propos et leurs positions et pensent à l’intérêt supérieur de notre pays. Lorsqu’un membre du CNT va jusqu’à dire que le Premier ministre est malade parce qu’il est sorti d’un AVC, mais je vais vous demander est-ce qu’il a un doctorat en médecine ou il a un doctorat en économie ? Est-ce que c’est un docteur qui lui a dit quand on sort d’un AVC, on ne peut pas exercer une fonction. Alors, comment quelqu’un du CNT peut-il sortir pour dire ce genre de choses ? Ces attaques-là viennent de là où ça ne devrait pas venir et c’est malsain. (…) Le Président du CNT ne peut pas être innocenté dans le comportement de certains membres du CNT. Mais en bon Malien, nous pouvons dire qu’il n’est pas trop tard pour bien faire. Les gens peuvent se ressaisir et regarder l’intérêt supérieur de la Nation », a-t-il déclaré.
Le plateau d’Africable télévision a été l’occasion pour le membre de l’EDR de démentir également certaines contrevérités à l’encontre du chef du gouvernement. Contrairement à l’information véhiculée par certains membres de l’organe législatif, le fond de souveraineté du Premier ministre ne s’élève pas à 75 millions de F CFA. A l’en croire, Dr Choguel Kokalla Maïga gagne 25 millions comme fonds de souveraineté, contre 35 pour le président du CNT, le colonel Malick Diaw.
Les relations froides entre le M5 et les colonels ?
Les relations entre l’ex-CNSP et le M5 sont-elles bonnes comme au début ? Non, selon Abdel Kader Maïga. Elles sont un peu froides. « Les relations sont toujours là, je ne dirais pas exécrables, mais je vous dis, les relations ne sont pas ce que nous souhaitons du côté du Comité stratégique du M5. Ce n’est pas les relations que nous avions souhaitées. Et ce qui se passe ne nous honore pas du tout », a-t-il regretté. Il a rappelé l’humiliation du Premier ministre dans l’histoire de la loi électorale. Ce que déplore le Comité stratégique du M5, c’est le fait que leurs tentatives de rencontrer le président de la transition aient échoué. « On a plusieurs fois voulu rencontrer le président de la transition pour lui expliquer réellement, parce qu’on s’est dit, et c’est une réalité, que le Premier ministre a tellement de respect, a tellement d’admiration pour le président de la transition qu’il est trop timide quand il est en face de lui. Donc, il fallait que nous puissions rencontrer le Président pour échanger, parce qu’on avait des craintes. On a écrit au président de la transition, on lui a envoyé un rapport deux fois. À la date d’aujourd’hui, on n’a pas de suite par rapport aux deux rapports. C’était des rapports qui faisaient l’état des lieux de notre pays. L’autre rapport, c’était de dire comment nous voulons nous organiser pour aider la transition, parce que nous nous considérons comme étant l’aile politique de la transition », laisse entendre le président de la Coalition contre la partition du Mali, avant de déplorer que le « la relation que nous avions souhaitée n’est pas dans la bonne direction ». Et il a plaidé pour la rectification de la collaboration actuelle entre les militaires et le M5-RFP. « Pendant que nous sommes assez entourés d’ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur, pendant qu’on nous tend des pièges à tous les niveaux, nous pensons que nous devrons être l’aile politique qui va se développer, qui va protéger la transition et protéger les acteurs de la transition. Si nous sentons que nous avons l’impression que tous les actes qui sont posés, c’est pour fragiliser le M5 jusqu’au dernier, on se pose la question : mais où on va ? Il faut qu’on tire la sonnette d’alarme parce que la conséquence risque d’être très grave », a-t-il plaidé.
La question de la candidature
Si beaucoup d’adversaires du Premier ministre l’accusent de vouloir se présenter à l’élection présidentielle à venir, il n’a pas cette intention pour le moment. C’est du moins ce que soutient Abdel Kader Maïga, membre du Comité stratégique. Selon son explication, le chef du gouvernement est même favorable à une candidature commune en partenariat avec les colonels au pouvoir. « Le Premier ministre a toujours fait savoir à qui veut l’entendre que nous allons choisir notre candidat aux élections présidentiel, avec la complicité de nos partenaires militaires, et nous l’avons acté, nous sommes d’accord. Pour preuve, nous l’avons écrit dans notre plan d’action. Donc c’est limpide pour nous », soutient l’invité de notre confère Sékou Tangara. Celui que les intimes appellent Kader a profité de l’occasion pour répondre aux adversaires du chef de gouvernement : « Le Premier ministre n’a jamais donné l’intention et, à la date où nous sommes aujourd’hui, personne au Mali ne peut vous dire qu’il a une fois dit : « je veux être candidat ou faites quelque chose pour que je le sois ». Il n’est pas pour le moment candidat. Tout cela va attendre la discussion avec le président Assimi Goïta».
B. Guindo
Source : Le Devoir