Au cours d’un point de presse organisé ce mardi au siège du chef de file de l’opposition, Abdel Kader Maïga, un des membres influents du mouvement hétéroclite, le M5-RFP, a donné son point de vue sur la nouvelle Constitution, la lutte en cours contre la corruption et la délinquance financière, la question de la Minusma et la CMA.
Comme il le fait très souvent, Abdel Kader Maïga vient de donner son avis sur les sujets brûlants du moment : la question de la nouvelle constitution, la polémique autour de la Minusma, la question de la corruption et des tensions entre le gouvernement du Mali et la Minusma.
La nouvelle Constitution, une volonté populaire
Membre influent du mouvement hétéroclite, le M5-RFP, Abdel Kader Maïga a apporté son soutien inconditionnel au projet de nouvelle constitution. D’ailleurs, il a profité de ce point de presse pour répondre à ceux qui estiment que le président de la Transition « n’est pas légitime » pour initier cette réforme. « Aujourd’hui, j’ai envie de lever quelques équivoques, parce que nous avons la mal chance d’avoir des hommes politiques qui savent mentir et manipuler l’opinion nationale et internationale en faisant croire que le président de la transition n’est pas légitime pour initier la révision constitutionnelle ou en disant qu’il n’y a pas d’assemblée nationale », dit-il. Il a ensuite soutenu que les constitutions précédentes n’ont pas été initiées par des présidents élus.
Le président de la coalition contre la partition du Mali, membre influent du M5-RFP s’est également prononcé sur un sujet que beaucoup considère « sensible ». Il s’agit de la laïcité. Pour lui, il n’y a aucune raison de s’opposer à la laïcité. « Il est important qu’on rappelle aux uns et aux autres que la laïcité demandée dans cette constitution ne diffère pas de celle qui était dans l’ancienne constitution qui a fait plus de 3O ans. Donc, c’est la même laïcité. Et cette fois-ci, on a eu la chance que tout a été bien défini et bien détaillé », explique Abdel Kader Maïga. Contrairement à ce que font circuler certains citoyens, le natif de Gao soutient que « la laïcité, dans toutes ses définitions, ne se fait pas contre une religion ». Pour lui, la laïcité est même bonne pour la quiétude dans le pays.
Abdel Kader Maïga ne voit pas le projet de nouvelle constitution sous le même angle que les contestataires, notamment l’Appel du 20 février. Il estime que le projet a été largement discuté avant d’être validé par le président de la transition. « Cette constitution est la seule qui a été largement discutée », dit-il, avant d’ajouter qu’elle est « meilleure que les précédentes ».
M. Maïga a, par la suite, promis de battre campagne pour la victoire écrasante du « Oui » lors du référendum constitutionnel. « Il faut qu’on ait un Oui écrasant », plaide-t-il.
« Il faut réussir la lutte contre la corruption… »
Beaucoup d’avancées ont été enregistrées dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière depuis la rectification de la trajectoire de la transition. C’est du moins l’analyse du président de Gao Lama Borey, cadre du M5-RFP. Mais beaucoup reste à faire, selon lui. « Nous attendons beaucoup de la lutte contre la corruption », indique-t-il avant d’ajouter : « Nous avons toujours été interpellés sur cette question partout où nous sommes ».
Si Abdel Kader Maïga se dit satisfait de l’audit qui a été fait concernant les sociétés minières en exploitation, il estime qu’on devait étendre ce contrôle à d’autres secteurs dont le cadastre minier, le foncier… « Si on ne réussit pas la lutte contre la corruption, les mêmes armes qu’on a achetées aujourd’hui, on aura les Maliens qui vont les vendre », prévient le soutien à la transition.
La Minusma, une force inutile ?
Contrairement à certains de ses frères de Gao qui plaident pour le maintien de la Minusma, Abdel Kader Maïga, comme des milliers de Maliens, trouvent que la force onusienne a échoué et qu’elle devait plier bagages. Les termes utilisés sont forts. Après l’avoir traitée d’être une force au service de la France au Mali, Kader estime que la « Minusma ne sert et ne servira à rien ». L’une des causes de la colère de ce responsable du mouvement hétéroclite contre la Minusma semble être ses rapports sur la situation au Mali. « Je suis encore écœuré. Cette Minusma qui ne sert à faire rien que des rapports bidons contre pays », se plaint le natif de Gao qui dit, sans ambages, qu’il « est temps que la Minusma dégage ». Comme tous les contestataires, il estime qu’il « n’y a pas plus d’insécurité au Mali que les actes partisans de la Minusma ».
La colère de Kader contre la CMA
Connu pour ses critiques contre la CMA, Abdel Kader Maïga a respecté la tradition. Lors de son point de presse, il n’a pas fait de cadeau à ce groupe d’ex-rebelles. Il a dénoncé les différents communiqués de la CMA, notamment ceux concernant le survol de Kidal par l’armée malienne et le blocage du processus du DDR. « Tout le blocage au niveau du DDR est venu au niveau des mouvements armés, notamment la CMA », accuse-t-il. Il invite même les autorités à tirer au clair la question de Kidal. « Avant la fin de la transition, il faut qu’on finisse avec cette histoire de Kidal », plaide le membre du M5. Les ministres de la CMA n’ont pas été aussi épargnés. « Cette situation ne finira pas comme ça si on ne s’assume pas. On ne peut pas être dans le gouvernement et entendre que ton mouvement est en train de faire de telle déclaration sans rien dire. Il faut que le gouvernement avise ces ministres-là qui sont pris au nom des mouvements armés. Si ton mouvement fait une déclaration, tu fais une contre-déclaration ou tu démissionne de ton mouvement ou du gouvernement. D’ailleurs, leurs ministres qui sont dans le gouvernement ne foutent rien de bon », dénonce-t-il.
Abroger la loi d’entente nationale
Par ailleurs, Abdel Kader Maïga a demandé l’abrogation de la loi d’entente nationale. «Avant le référendum, ce serait nécessaire d’abroger la loi d’entente nationale…», soutient-il. Pour lui, cette loi couvre l’impunité qui ne doit pourtant pas prospérer. « Des terroristes qui se baladent en ville, des criminels qui se baladent en ville sous couvert de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, sous couvert de la loi d’entente nationale…il faut que la transition mette fin à tout cela », plaide-t-il.
Boureima Guindo