Opération de mise à jour des données NINA : Quand le ministre Daoud ignore les réalités  

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Lancée le 9 janvier 2023, l’opération de mise à jour des données NINA n’a toujours pas enregistré l’engouement souhaité auprès des populations, malgré la « grande » campagne de communication faite autour du sujet. C’est le constat fait par le département de la Sécurité et de la protection civile. Les populations, de leur côté disent pourtant être mobilisées, mais dénoncent le comportement et l’inefficacité des agents dans les différents centres de la capitale depuis le début du processus.  

L’opération de mise à jour des données NINA pour l’obtention de la nouvelle Carte Nationale d’Identité Biométrique Sécurisée a débuté depuis le 9 janvier dernier. Plus d’un mois après, l’affluence autour du sujet reste toujours faible, a constaté le ministère de la Sécurité et de la Protection civile.

En effet, dans un communiqué publié ce mardi, 14 février 2023, le département de tutelle déplore une faible mobilisation des Maliens pour cette opération, malgré la « grande » campagne de communication déployée.

Lancée à la première décade du mois de janvier, cette opération se poursuivra jusqu’en fin mars 2023, date-butoir. Le Département déclare qu’« au regard des contraintes liées au respect du chronogramme de production et de remise de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée, il sera procédé systématique à l’impression de ladite carte à partir des données déjà existantes du RAVEC ». Par ailleurs, poursuit-il, la première remise de cette carte est gratuite pour tout le monde, mais le renouvellement est payant.

Mode de fonctionnement à revoir

Le Ministère de la Sécurité déplore la faible mobilisation. Mais ce constat déclaré divorce d’avec ce qui se passe sur le terrain, si l’on considère les bousculades et les longues queues qui se forment devant les commissariats de police tôt le matin, chaque jour, dans le cadre de cette opération.

C’est pourquoi, le Ministre doit savoir que les populations s’insurgent contre le mode de fonctionnement de l’opération de mise à jour des données NINA dans les différents centres de Bamako où la prise en charge des citoyens, surtout au niveau des commissariats de police, est vraiment déplorable, selon des citoyens de Bamako.

En effet, dans les différents centres de Bamako, les chargés des opérations ne prennent qu’un nombre restreint par jour, nous indique K. Ousmane, un usager que nous avons rencontré devant le Commissariat du 15è Arrondissement de Baco Djicoroni. « Ils disent qu’ils ne prennent que 30 personnes par jour », affirme-t-il, avant d’ajouter : « Le reste est fait dans le désordre (NDLR : relations)».

Pour notre interlocuteur, nombreux sont les citoyens qui se présentent quotidiennement dans les différents centres (commissariats, gendarmeries, mairies…) pour effectuer cette opération devenue finalement un véritable parcours du combattant. Beaucoup d’usagers passent la nuit dans les centres, sans avoir gain de cause, déplore-t-il.

Dans certains centres, les agents recensent moins de 30 personnes par jour, alors que les services de mise à jour des données NINA débutent  tous les jours à 8h 00 et prennent fin à 16h00. Soit 7 heures et 30 minutes de travail par jour pour chaque agent. Mais, malgré cela, les chargés des opérations ne s’occupent que d’une trentaine de personnes, voire moins par jour.

Faut-il rappeler que la population malienne est estimée environ 22 millions d’habitants (selon les statistiques de la Banque mondiale 2021) dont environ 71,3% ont entre 15 et 64 ans. Et la nouvelle Carte Nationale d’Identité Biométrique Sécurisée est exigible à partir 15 ans, pour tout citoyen malien. Ce qui signifie que plus de 15 millions de Maliens doivent se procurer ce document administratif sécurisé, surtout qu’elle représente désormais la carte d’électeur.

Par ailleurs, des usagers se plaignent aussi de l’extorsion d’argent par des agents, dans le cadre de cette opération de mise à jour des cartes Nina, pourtant déclarée gratuite.  Deux commissariats de police de Bamako sont particulièrement pointés du doigt. D’après nos sources, les chargés des opérations de ces deux centres demandent aux usagers de payer, avant de procéder à leur mise à jour. 

Chassez donc le naturel, il revient au galop ! On a remis au goût du jour les vieilles habitudes des quotas journaliers de personnes à faire passer, comme du temps de la délivrance de l’ancienne carte d’identité. Avec tout ce que cela comporte comme tracasseries pour le citoyen, qui se voit obligé parfois d’abandonner la voie normale pour user de raccourcis.

L’intérieur du pays non accessible à cette opération

Le communiqué du ministre de la Sécurité et de la Protection civile a surpris les Maliens de l’intérieur. En effet, l’opération n’a pas encore démarré dans tout le pays. Plusieurs commissariats de l’intérieur disent ne pas encore recevoir le matériel de mise à jour des données NINA, indiquent des habitants. C’est le cas à Kayes, à San et dans d’autres villes du pays.

En plus, les populations des zones reculées et vulnérables du pays sont omises. Pour cause, l’administration n’est pas présente dans ces zones. Il s’agit notamment de localités du Nord et du Centre du pays qui font face à des menaces terroristes.    

En somme, les autorités de transition, à travers le département de la Sécurité et de la Protection civile, doivent prendre en compte les cris de cœurs des usagers pour non seulement améliorer l’efficacité de l’opération de mise à jour des données NINA, mais aussi, et surtout, créer ainsi les conditions d’une réponse adéquate aux attentes des citoyens.

Khalil Tandina  

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