Le malaise au sein du Rassemblement pour le Mali (RPM), les causes des multiples démissions en son sein ; les raisons de la création du Mouvement Convergence 2023, ses objectifs, ses orientations…sont, entre autres, les sujets évoqués par l’ancien secrétaire général du bureau des jeunes de la section RPM de France, Karim Agaly Cissé, dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder. L’occasion pour ce membre influent de la Convergence 2023 de France d’annoncer de nouvelles adhésions dans son mouvement qui deviendra, dans les mois à venir, un parti politique.
Le Devoir : Présentez-vous à nos lecteurs
Je me nomme Karim Agaly Cissé, ancien secrétaire général du Bureau des jeunes de la Section RPM France. Je suis actuellement membre de la Convergence 2023.
Vous venez de démissionner du RPM en grand nombre. Pourquoi cette décision seulement un an après le décès du père fondateur du parti ?
Nous convenons avec vous qu’il est regrettable qu’une année après le décès de Feu Elhadj Ibrahim Boubacar Keïta, président fondateur du parti, que nous parvenions à une telle décision. Mais force est de reconnaître que le parti a connu une multitude de crises allant de celles liées aux législatives avortées de 2018 à celles liées aux violations des textes lors de la tenue des Troisièmes Assises du Comité Central, en passant par celles liées aux élections législatives de 2020.
Durant toutes ces années, nous nous sommes attelés à dénoncer avec force ces pratiques dignes d’une autre époque, tendant à réduire le parti à la seule personne du Président qui abuse de son titre en foulant aux pieds les textes du parti, au su et au vu de tous les militants. La goutte d’eau qui a débordé le vase, c’est l’auto-proclamation du président du Parti comme candidat naturel du RPM lors des prochaines élections présidentielles et les pouvoirs exceptionnels qu’il s’est accordé, lui accordant de facto le pouvoir de remembrer, à lui-seul, les bureaux nationaux, des jeunes, des femmes et du Parti en l’absence du congrès, seule instance habilitée à renouveler les organes nationaux du Parti.
Nous avions aussi vigoureusement dénoncé la gestion clanique du parti, en méprisant totalement les militants à la base. Nous avons tout fait pour alerter qui de droit sur les déboires internes et externes, mais nos efforts sont restés vains. Aujourd’hui, nous sonnons l’heure de la délivrance.
Vous venez de lancer un nouveau mouvement : la Convergence 2023. Pourquoi ce mouvement ? Quels sont ses objectifs ?
Après moultes réflexions, nous nous sommes réunis pour décider ensemble notre orientation politique en vue de poursuivre le combat pour le Mali, pour le peuple malien, pour le renforcement et l’ancrage de la démocratie au Mali.
La Convergence, c’est d’abord l’engagement patriotique, c’est l’union des cœurs et des esprits autour de l’intérieur supérieur de la Nation, c’est aussi le cadre idéal permettant de fédérer toutes les filles et tous les fils du pays, de confessions religieuses différentes, d’ethnies différentes et venant de partis politiques différents, mais ayant tous une vision commune et partageant la même idéologie politique.
Aujourd’hui, la Convergence 2023 est représentée dans combien de localités au Mali, et à l’extérieur du pays ?
Depuis le 05 Janvier 2023, nous constatons de plus en plus que les sections RPM, de l’intérieur comme de l’extérieur, répondent favorablement à l’appel lancé par l’Honorable Moussa Timbiné. Sans fausse modestie, je peux vous affirmer que dans les jours et semaines à venir, nous aurons des adhésions massives sur l’ensemble du territoire national et au niveau de la diaspora.
Ce mouvement sera-t-il transformé en un parti politique ? Surtout que le RPM est en train de se vider au profit de la Convergence 2023 ?
En se référant à la déclaration liminaire de l’Honorable Président Moussa Timbiné, sans nul doute, la Convergence 2023 va se muer en parti politique dans les jours à venir.
Certains observateurs pensent que vous avez une main invisible derrière vous. Que répondez-vous ?
Nous nous sommes engagés dans ce combat par conviction en nous adossant sur Dieu et le peuple malien.
Quelle est votre analyse de la situation du pays, des réformes politiques et institutionnelles en cours ?
Je me réserve de tout commentaire sur cette question avant les concertations prévues au sein de la Convergence 2023 à cet effet.
Votre ancien collègue du collectif pour le respect des textes, Baber Gano, ne semble pas apprécier votre départ du parti. Dans une interview, il avait estimé que vous devriez continuer le combat au lieu de démissionner. Qu’est-ce que vous lui répondez ?
J’avoue que mes camarades démissionnaires et moi entretenons de bonnes relations avec le camarade Baber Gano et par la même occasion je vous affirme que ces allégations n’émanent pas de lui, elles proviennent plutôt de personnes mal intentionnées qui n’arrivent toujours pas à digérer notre départ du RPM.
Réalisée par Boureima Guindo
Source: Le Devoir