Les héritiers de Soumaïla Cissé, ceux dirigés par le professeur Salikou Sanogo, ont décidé de claquer la porte de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) après le verdict de la Cour suprême qui a déclaré Gouagnon Coulibaly vainqueur. Que restera-t-il de cette formation politique à laquelle le défunt député de Niafunké, Soumaïla Cissé, a tout donné ? Gouagnon dirigera certainement une coquille vide.
Morte depuis plus d’un an à cause des divisions internes, l’URD semble être enterrée après la décision de la Cour suprême qui a déclaré Gouagnon Coulibaly vainqueur. Le parti de la poignée de mains n’est plus la 3ème force politique, car plus que fragilisée.
Démission collective
La majorité des soutiens de Salikou Sanogo, du moins les militants de base, réclamaient la création d’un autre parti politique. En son audience du 12 avril dernier, la Cour suprême du Mali a rejeté le pourvoi du clan Salikou, mettant ainsi fin au volet civil de l’affaire. Cette décision a donc accéléré le départ des héritiers de Soumaïla Cissé de l’URD. « Je venais ainsi de comprendre avec vous que la vérité de « la justice » n’est pas forcément celle de la raison. Il est grand temps de tourner cette triste page », alaissé entendre l’ancien ministre de l’Éducation nationale avec un ton inhabituel. Cette démission, selon le professeur Salikou Sanogo, est une réponse à la demande des militants de base. «Depuis le début de cette affaire jusqu’après le verdict du 12 avril dernier, je vous ai entendu, j’ai consulté, j’ai écouté et j’ai compris que tous les responsables, militants, sympathisants de l’URD épris de paix et de justice, respectueux de nos valeurs et de nos principes sont résolument engagés à perpétuer le combat de nos défunts Présidents et à honorer leur mémoire sous une forme plus saine plus attrayante plus conviviale et plus rigoureuse », a déclaré Salikou Sanogo à l’occasion de la rencontre avec ses militants, au CRES de Badalabougou, avant d’annoncer la création d’une nouvelle formation politique. « C’est dans cette perspective qu’il nous faudra rester sur la scène politique et disposer d’un nouvel appareil politique à travers lequel nous allons continuer à partager avec les Maliennes et les Maliens nos aspirations pour mieux protéger notre République et bien sauvegarder notre démocratie afin qu’il y ait plus de développement au Mali. Il nous faut impérativement recréer l’espoir chez les Maliens », annonce le désormais ancien président intérimaire de l’URD.
Le processus de la création est beaucoup avancé. Des actions sont même déjà en cours. Salikou Sanogo a annoncé que deux commissions seront créées, l’une chargée de la rédaction des futurs textes de notre formation politique, et l’autre chargée de la communication et de la sensibilisation à l’endroit de toutes celles et de ceux qui partagent nos valeurs et principes.
URD, un tonneau vide sous Gouagnon Coulibaly ?
Gouagnon Coulibaly a certes gagné la bataille judiciaire. Mais va-t-il diriger le grand parti légué par feu Soumaïla Cissé ? Certainement pas. Il dirigera un parti fragilisé. La démission du camp Salikou Sanogo, très populaire et composé des présidents d’honneurs, des vice-présidents, des secrétaires de sous-sections et sections ainsi que d’autres hauts cadres, va sans nul doute affaiblir le parti. Le temps donnera-t-il raison au professeur Salikou Sanogo qui a avait déclaré, « qu’aucun leadership imposé ou fortement contesté, dépourvu de toute vertu, en déphasage avec nos principes et nos valeurs ne saurait asseoir une gouvernance vertueuse à la tête d’une organisation quelconque ». Il avait également lancé les cailloux dans le jardin de Gouagnon Coulibaly. «Je mémoire d’homme politique, je ne connais pas une seule formation politique en République du Mali dont le Président a été installé par la justice et la force publique. Cette attitude inconcevable a jeté le discrédit sur l’URD. Comment peut-on en être fier ? », avait indiqué le professeur Sanogo en janvier dernier.
Dans un communiqué publié le lundi dernier, Gouagnon Coulibaly a affirmé tendre la main au camp adverse. Ce message de rassemblement n’est-il pas tardif ? En tout cas, le divorce semble être consommé entre les deux camps.
Boureima Guindo